Petit flashback de quelques semaines : Laure, du Collectif Actions Solidaires, est en train de boucler la programmation du Mois des Elles et bat le rappel des troupes pour lister les événements et préparer la communication. Était-ce les mains dans le cambouis d’une chaîne de vélo ou autour d’une bière après un atelier, toujours est-il que voilà une idée qui surgit, comme une évidence : et si Vive le Vélo proposait également quelque chose ?
Il s’agissait là d’une occasion en or pour nous de participer à un événement du collectif et d’y mettre notre touche : clef, boulon et graisse. Cerise sur le gâteau, nous pouvions prendre place au côté d’une riche programmation avec, entre autres, du théâtre ou l’écriture (activités nobles au demeurant mais nous, notre truc, c’est d’avoir les mains sales).
Ensuite, tout s’enchaîne presque naturellement : quel est notre objectif ? Cela sera d’amener un public féminin vers l’auto-réparation. Comment faire? En supprimant les freins à sa venue. On pourrait rétorquer que supprimer des freins à un vélo n’est pas une idée terrible mais cela serait passer à côté du vrai sens de la phrase. Pourquoi certaines femmes n’osent-elles pas franchir nos portes ? Une intuition, alimentée par des retours d’expériences ci et là : se lancer dans une activité mécanique, d’autant plus en tant que débutante, au milieu d’un public mixte, c’est se retrouver dans une situation d’inconfort. À nous d’y remédier, ne serait-ce qu’une fois, pour ouvrir la voie : cela sera donc un atelier non mixte, réservé aux femmes et animé par des femmes.
On pourra nous rétorquer que certains hommes rencontrent les mêmes problématiques mais voilà, c’était le mois des Elles, pas les onze mois des Lui. Cela aurait pu être un atelier mixte mais animé uniquement par des femmes. Peut-être, mais servir d’exemple n’était pas la volonté des animatrices et le ressenti des participantes eut peut-être été différent.
Car oui, ce fut un succès : une dizaine de femmes sont venues s’initier à la mécanique vélo, dévoiler leurs roues, apprendre et comprendre les rouages de leur monture. Et peut-être ainsi se sentir pleinement en confiance et légitime à franchir nos portes.